04.01.2008
MILLE NEUF CENT CINQUANTE QUATRE
1954, l'année où l'Abbé Pierre lançait un cri d'alarme. Où l'on voit des reportages sur la misère des bidonvilles, les premières tentes aménagées pour ne plus que les gens meurent dehors. La pauvreté dans la froidure de l'hiver. On était dans une France qui ne se défendait pas et l'Abbé a été son porte-parole ,son défenseur....
Nous nous avions un toit, du chauffage : un poêle à charbon.
Et pourtant mon père : un rescapé était arrivé en France en 1948 avec presque rien : sa peau, est-ce rien ? La guerre avait dévasté pratiquement toute sa famille, la mienne.
Son pays d'origine le rejetait encore et encore et il a dû s'enfuir.
Arrivé ici, il s'est marié, et un an après je suis née.
Mon père a travaillé dur, très dur.
J'ai vécu mes premiers mois à l'hôtel....
Et papa a pu acheter un appart, et nous nous sommes lavés et chauffés, et nous mangions à notre faim.
L'essentiel était acquis à force de travail et de persévérance.
Un toit, du chauffage, de quoi s'habiller et surtout manger à sa faim.
Mon père n'est plus et je l'admire.
Il est arrivé en France avec presque rien : son courage et ses mains de travailleur.
A notre époque, où la misère subsiste, où il y a encore des morts cet hiver, je pense que nous ne savons pas respecter l'homme. Que nous ne savons pas transmettre des valeurs primordiales à nos enfants. RESPECT.
Nous sommes dans une société de consommation qui tend à nous faire oublier l'essentiel.
Et après on s'étonne de voir la violence faite à l'homme.....
Dans ma famille on a vécu la destruction de l'humain. Je ne peux concevoir l'indifférence.
Qui est notre prochain ?