Anne Bonaventure - J'ai embrassé l'aube d'été
Le lundi 30 avril 2007 à 07:35 :: J’ai embrassé l’aube d’été
La fenêtre resta entrouverte tout l'hiver. Alba ne pouvait se résigner à la fermer. Elle observait le tilleul, le vieux tilleul qui devait avoir plus de cent ans. De son lit tous les matins, entourée de ses chiens, elle restait rêveuse à scruter les branches nues.
L'hiver fût long cette année là. Les jours passaient, pluvieux, nuageux, même neigeux, dans cette région où il ne gèle pratiquement jamais.
Que pouvait-elle espérer : l'arrivée de son ami qui donnerait un peu de gaité à sa vie morose. Lui qui voyageait lui conterait mille et mille récits. Il savait si bien l'émouvoir, l'aimer.
Depuis qu'elle avait quitté la capitale, elle ne sortait plus, rien ne l'intéressait. Elle avait crée un univers bien à elle, son atelier était devenue une tour d'ivoire. Elle écoutait la Traviata du matin au soir, ce qui la laissait dans un état confus, entre réalité et rêve plutôt cauchemar.
Les seuls moments d'émoi étaient ses sorties dans le sous-bois, juste derrière, avec Sam et Zous, fidèles eux. Elle s'imprégnait des odeurs de champignons, d'humus. Souriait à la vue des écureuils et autres hérissons.
Mars fût la période d'espérance, impatiente de voir la nature revivre.
Avril fit exploser des milliers de toutes petites feuilles, d'un vert éclatant. Le tilleul redevint jeune de vieux qu'il était resté pendant la froidure.
Elle, elle respirait mieux, son coeur se mit à battre plus fort.
Enfin il arriva, il faisait chaud.
La première phrase qu'il prononça fût : «J'ai embrassé l'aube d'été » ma chère Alba, vient près de moi tu n'auras plus froid.